RLG CONSULTING
®
Relocalisation : mythe ou réalité ?
On nous parle beaucoup, depuis peu, des démarches de relocalisation que l'on pourrait entreprendre pour redynamiser notre économie.
Et chacun de s'esclaffer ou de crier au loup, suivant ses convictions politico-religieuses.
Et l'évidence de la lutte contre la fuite du Travail (au sens noble du terme) est aussitôt battue en brèche par le prétendu coût de ce dernier.
Or le coût du travail n'est pas le seul frein à la relocalisation, loin même s'en faut.
Si l'urgence aujourd'hui n'est pas à la relocalisation, mais bien plutôt à faire cesser l'hémorragie du travail, il reste particulièrement important de faire revenir sur notre sol des unités de production de richesses qui en sont parties.
Certes, dans ces deux démarches, de nombreux troncs communs apparaissent, mais aussi des critères différents. Ainsi, la délocalisation sera bien souvent surtout poussée par des raisons financières de court terme, alors que la relocalisation procèdera davantage d'une réflexion stratégique beaucoup plus profonde, et de moyen terme.
Ainsi, le coût de la main d'œuvre sera un élément majeur dans les raisons de la délocalisation, et un élément contributif de moindre importance dans la relocalisation.
En effet, la relocalisation tiendra beaucoup plus compte d'éléments autres, comme l'évolution des coûts de transports (renchérissement important, incertitudes de débarquement), l'immobilisation financière des capitaux en attente de livraison (paiement à la commande ou à l'expédition), les difficultés à gérer la non-qualité (par exemple, que fait-on quand on reçoit un conteneur déjà entièrement payé, qui arrive juste à temps pour répondre à notre besoin, mais dont la moitié des produits n'est pas tout à fait conforme à l'attente ?), l'absence de réactivité ou plutôt d'agilité de liaisons partenariales lointaines, et autres soucis de perte de maîtrise sur ses produits.
Comme le flux suit (et précède) le reflux, la relocalisation est un phénomène dans la suite logique de la délocalisation. Elle s'appuie toutefois sur des conditions différentes : on relocalise d'autant plus aisément – ou plus volontiers – que la valeur ajoutée est importante, c'est-à-dire qu'elle fera appel à des techniques et des savoir-faire très qualifiés.
D'autres conditions jouent en faveur d'une relocalisation, comme les cycles de vie courts (cas de produits de mode, ou saisonniers), des produits à la mise au point délicate demandant des liens très étroits entre recherche et production, des séries de production moyennes et modifiables rapidement, une forte réactivité face aux demandes des marchés.
La relocalisation procède donc d'une analyse stratégique approfondie, et prenant en compte l'ensemble des éléments d'un bon business plan intégrant marketing et stratégie en amont de sa partie financière.
Dans nos travaux sur le sujet, nous avons essentiellement connu des clients qui avaient délocalisé une partie de leur production, voire la totalité, mais tout en conservant localement des structures allégées. Leur retour sur le territoire concerne avant tout la construction d'unités de production très agiles et très réactives, et capables de moyennes séries. Dans ces conditions, la relocalisation est une opération parfaitement gagnante.
La production de masse à bas coût restera encore l'apanage de pays dans lesquels seul le coût final compte, nonobstant toute considération de qualité, d'humanité ou de droits de toutes natures. Toutefois, la mondialisation rend ces systèmes explosifs, et la relocalisation en marche est une façon de se protéger d'un avenir poudrier, fût-il distant.
Notre pays a donc une carte importante à jouer dans cette partie, même si structurellement d'autres freins peuvent apparaître, comme la rigidité du Droit du Travail, ou certaines normes européennes aux conséquences plus enclines à pénaliser notre production qu'à s'imposer aux importations.
Ces freins ne sont pour autant pas des obstacles infranchissables, comme en témoigne le nombre croissant de retours au pays qui se dévoilent de jour en jour.
RLG CONSULTING
+33.478 308 351